Martin Parr guide de sa propre expo

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Le vigile jette un œil dans les sacs des filles. Une petite foule se presse autour de la librairie. Quelques arty people taillent une bavette. Dans un coin, un grand type dégingandé, le sourire débonnaire, l'œil ironique derrière des lunettes banales, attend tranquillement. A l'aise dans ses Birkesntock, vieux pantalon de toile bleu marine, tshirt informe avec pli du cintre aux épaules. Sur la poitrine, un petit badge portant son nom, Martin Parr.





Très gentiment, très fermement, il nous annonce que la visite va durer 45 mn, qu'il s'agit de découvrir quelques-unes de ses collections. En effet, il joue parfaitement les guides, se postant devant chaque œuvre à commenter, glissant deux-trois anecdotes, passant à la salle suivante dès que le groupe commence à s'égailler, parlant doucement pour être sûr qu'on l'écoute et qu'on s'approche. Un pro. Préambule sur son goût maniaque pour la collection en général et de tous les objets en particulier, depuis son enfance.






Première halte, sa collection Obama, constituée d'objets "les plus triviaux possibles", pour la plupart achetés sur ebay. De la capote au string, en passant par le mug.
Ensuite, extrait de sa collection de cartes postales, dont certaines des années 50 et 60, présentant des appareils ménagers. Pour lui, la carte postale représente un moyen d'information et d'échange ultra-démocratique.


photos Silke Neumann


Puis, ses inspirations, ses maîtres, présentés dans deux salles de l'exposition. Deux salles contrastant avec les autres : elles explorent l'arrière-plan culturel, les références et les découvertes de l'artiste. Ses maîtres, ses amours de jeunesse, ses repères d'étudiant. Et là encore, sous forme d'une collection, celle de livres de photographies.
Henri Cartier-Bresson, Robert Franck, Lee Friedlander, Garry Winogrand... Dont un livre dédicacé par Cartier-Bresson à Martin Parr se demandant de quelle planète il venait, d'où le titre de l'expo, Planète Parr, glisse l'artiste tout content.





A l'étage, après une cage d'escalier tapissée de plateaux de déjeuners imprimés de photos, dont l'intérêt provient de leur juxtaposition, de leur profusion, de leur extraction hors de l'utilité quotidienne, un film, puis une salle présentant deux types de collections : l'une rassemblant des jouets et objets liés au cosmos kitsch, l'autre à la guerre en Irak. Intéressant de voir la propagande et la contre-propagande, les deux systèmes politiques résumés à des briquets ou des figurines : une assiette à la gloire de Saddam, l'autre le ridiculisant.




Pour finir, deux salles consacrées à la vulgarité touristique et mondaine, thématisée par pays. Là, devant un cliché prise au Prix de Diane, Martin s'emporte. Il perd son sourire. Il ne supporte pas la loi sur le droit à l'image, qui l'empêche de travailler. Le seul pays au monde où il doit faire signer les gens qu'il photographie.




Mais devant la série des nouveaux riches russes, Martin Parr nous signifie la fin de la visite et le début des questions.
Une dame lui demande : "Mais où rangez-vous tout ça chez vous ?". Réponse : "Je n'ai plus de place, c'est bien pour ça que j'ai besoin d'exposer, et que l'expo tourne le plus longtemps possible."
Rires de l'assistance. Sur cette pirouette, l'artiste nous informe qu'il est prêt à signer sur le champ tous les livres de lui qu'on pourrait aller acheter à l'accueil et qu'on aimerait lui faire dédicacer.





Planète Parr - La collection de Martin Parr
du 30 juin au 27 septembre 2009
http://www.jeudepaume.org

Et pour finir la plus courte interview jamais accordée par Martin Parr.
Une question (ma demande d'entretien), une réponse :


dear Sylvain
I can do no more intereviews, I am exhausted with them, Martin
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