Le ruban blanc



Un film en noir et blanc vraiment très beau formellement et esthétiquement mais que je n'ai pas aimé du tout. Je n'y ai rien vu de plus qu'un catalogue, à terme un peu vide (voire retirant toute substance au film, pourtant prometteur d'un terrifiant suspens) d'humiliations, de violences révélant les rapports entre êtres dominés et êtres dominants, de sévices (non montrés), d'actes très autoritaires dans une société hypocrite, puritaine, rigoriste et encore féodale. La présence des enfants (tous acteurs excellents), trop polis et aux visages figés est vaguement inquiétante et mystérieuse mais je n'ai ressenti, en réalité, aucun questionnement, aucune émotion, aucune angoisse face à leur flétrissure ou à leur calvaire. Je ne saisis donc pas bien où Haneke veut en venir. Le film se termine par une fuite (et de certains personnages et de l'auteur du film lui-même, dirait-on, qui ne nous livre aucune réelle clé des origines et conséquences de la violence qu'il sonde), à la veille de la grande boucherie de 14-18.

Je me souviens pendant "la pianiste" avoir pouffé de rire tant je trouvais le film ridicule et comique (à ses dépens). A croire qu'Haneke n'est pas un cinéaste répondant à mon goût.

A propos du Ruban blanc, certains critiques ont convoqué les portraits de paysans ou de bourgeois allemands du photographe August Sander (ce qui n'est pas faux), ainsi que les cinéastes Dreyer et Bergman en soutenant même que ce film dépasse en violence certaines scènes chez Bergman. Je pense que ces gens-là n'ont pas vu un Dreyer ou un Bergman depuis longtemps et devraient se replonger dans leurs oeuvres ... Quelque chose m'échappe.

Cécile