cinéma


Le bal des actrices

L'histoire

Maïwenn cherche à capter les actrices lorsqu'elles sont les plus touchantes : en manque d'amour.

Les plaisirs du film

Le naturel, la spontanéité, la fluidité. Tout le film progresse sans à-coups, tout en mouvement, en croisements. Trois univers jouent entre eux : les scènes de famille (Maïwenn et Joey Starr jouant au papa et à la maman), les interviews des actrices, le contexte de ces interviews. Car il s'agit bien d'un film où Maïwenn, bien que filmeuse, est aussi filmée. Elle joue, comme toutes les actrices du bal, un personnage. Aucune scène ne s'éternise et tout virevolte comme sur un dancefloor. On savoure un art du croquis filmé libre comme l'air, une implication intime et une inventivité visuelle sans beaucoup d'équivalents (on peut penser à Il est plus facile pour un chameau, ou aux Plages de Varda). Une tendresse fantaisiste qui atteint son sommet avec l'idylle Estelle-Maïwenn (un des baisers les plus sensuels du cinéma).

Les mises en abyme. Joueuses, elles constituent toujours des surprises, comme la scène de projection, vers la fin du film. Comme chaque actrice joue avec son image publique et ses frustrations intimes, tout le film joue à être un autre film : documentaire, comédie, comédie musicale. A travers les actrices, c'est tout le cinéma, dans ce qu'il a de plus saltimbanque, joyeux et léger, qui habite le film. Affiches et dialogues font référence à De Funes aussi bien qu'à Godard. C'est tout le petit monde de Maïwenn qui fuse comme un feu d'artifice personnel.

Le tissage du vrai et du faux, les private jokes et les références. Biolay, qui signe une chanson du film, est moqué par Joey Starr. Balibar fait référence à son ex (Amalric, donc) qui tourne dans des James Bond alors qu'elle n'est employée que dans des rôles ennuyeux. Les piques aux Cécile de France, Tautou et Dujardin. Le personnage de Maïwenn elle-même : à la fois actrice, réalisatrice, mère, icône branchée. Mais en questionnement permanent sur chacun de ces "rôles".

Karol Rocher, excellente dans Stella, exceptionnelle ici.

Charlotte Rampling pour sa séquence Joey Starr.

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