photo d'actu


Petite étude de tableau. Au premier coup d'œil, on note le contraste entre la dureté rectiligne du décor, son gris uniforme, ses fenêtres aveugles d'une part, et les modelés roses pâles des modèles expressifs d'autre part. Ce contraste symbolise bien l'opposition d'une profession fragile face à l'administration, c'est sans doute l'effet recherché.

Du coin inférieur gauche monte une oblique : la jambe de la femme en pantalon noir, le mât du petit drapeau à l'arrière-plan, le bras gauche de l'homme tête renversée. Cette oblique conduit au drapeau rouge CGT, à moitié déployé, d'où part une autre oblique, descendante. Elle effleure tous les drapeaux jusqu'au dernier, à droite. Protégés par ce toit symbolique (les syndicats) et la surface rouge (révolutionnaire ou sanglante ?) et blanche, les modèles des beaux-arts en grève exposent leur fragilité. Nus.

Mis à part le petit groupe en fond, 3 personnes habillées participent au tableau.
La jeune femme de gauche implorante, porte le cornet de papier. Ce cornet à pourboires représente le litige : c'est sa suppression que dénoncent les modèles selon eux sous-payés.
Une autre jeune femme, en blanc, toque sur la tête, à genoux, avec une écharpe et un foulard, fait irruption à côté de l'homme les bras levés, comme pour le soutenir ou le réchauffer. Cet homme, les bras en croix, côtes saillantes, légèrement déhanché, prend des allures christiques.
Enfin, une femme habillée, à moitié cachée, constitue avec le personnage central un groupe reconnaissable, la Vierge à l'enfant. Elle seule, la femme nue au centre, regarde l'objectif.

De loin, ce tableau vivant rappelle Le Radeau de la Méduse. Pourtant, la fierté, la souffrance digne et la piété de certains personnages font plutôt penser à un combat. Mains sur les hanches, regards fiers, bannières levées.

crédit photo Franck Marmara

Marcel