ordinary people


Le chat botté : c'est le spectacle de ce dimanche matin au Guignol du Luxembourg. Dehors, il pleut. A l'intérieur, les petits bancs de bois se remplissent. Cris, pleurs, manteaux et parapluies. Les enfants piaillent. Les parents et les grands-parents s'installent, cherchent les places libres. Parmi eux, Raymond Domenech, parka noire, biberon à la main, tendre et attentif. Il cherche une place, et s'assoit sur un strapontin à côté d'un homme étrangement coiffé exactement comme lui, avec qui il entame une causette à propos du théâtre de marionnettes.
J'entends un père de famille glisser à son voisin, "c'est le moment ou jamais de lui casser la gueule. Je plaisante, bien sûr je plaisante". Pendant le spectacle, du coin de l'œil, Domenech regarde la salle et sourit, heureux. Guignol, le chat botté, les lapins, le roi, la princesse, bulles de savon, chanson finale et le rideau retombe.
Des pères excités poussent leurs gamins vers Domenech "mais si c'est lui, ah c'est ton cousin qui va être jaloux quand tu vas lui dire ça, hein... Oui, bonjour msieur Domenech, il osait pas venir vous voir, il est un peu intimidé".
Domenech, avec un sourire un peu las, rhabille ses enfants dans la cohue de la sortie, en leur demandant doucement si le spectacle leur a plu.